Compagnie de théâtre qui sévit à Paris-Belleville, Mantes-la-Jolie et Saint-Denis
PAROLES DE TONGS
La Compagnie organise régulièrement des Conseils des Tongs avec les troupes de Mantes-la-Jolie, Paris / Belleville et Saint-Denis. Les Conseils des Tongs sont des temps de parole organisés régulièrement et parallèlement au travail artistique : enfants, jeunes et adultes de TMT! (et parfois les familles) sont réunis en cercle pour débattre et réfléchir ensemble.
L’adulte intervient en modérateur de débat. On y parle des thèmes abordés dans les spectacles, de la vie de troupe (en ateliers, en résidences ou en tournées), mais aussi de l’actualité en France et dans le monde, du quotidien (les violences dans les quartiers, les incidents à l’école, les sans-papiers…), des événements familiaux.
C’est l’occasion pour tout le monde d’apprendre l’écoute, la maîtrise de la parole et de l’émotion, d’accepter la contradiction, de débattre et d’argumenter, d’analyser des situations.
MARS 2022 :
Retour sur les conseils de tongs, le sujet des échanges, cette fois, c’est cette nouvelle guerre, celle qui se passe en Ukraine, tandis que tant d'autres continuent dans le monde.
- LES PLUS PETIT.E.S (5-8 ans), abreuvés par les images en boucle, parlent de leurs cauchemars : « la Terre qui va fondre, les trous dans la planète, la guerre qui arrive bientôt dans les quartiers et on devra fuir. Aussi, les présidents qui se disputent entre eux et qui tuent les petits pour se venger…» Ils disent qu’ils préfèrent regarder les dessins animés. Il y en a qui pensent que « déjà, la bombe atomique est tombée sur Paris, il y a une vidéo avec la Tour Eiffel détruite. » Ils expliquent que « dans Naruto ceux qui veulent la guerre meurent, c’est obligé. » Il y a dans nos troupes des enfants d’origine ukrainienne, ils ont raconté les larmes de leur famille sans trop comprendre. Et il y a aussi des enfants d’origine russe qui s’en excusaient presque.
- LES MOYEN.NE.S (9-12 ans) parlent de 3e Guerre mondiale et remarquent : « quand les jeunes se tapent dans le quartier ou dans la cour de l’école, les adultes disent stop ! Là, c’est pire et avec en plus des armes qui tuent ! Mais personne ne leur dit vraiment stop ! » Ils disent que « c’est à cause de l’argent et c’est une guerre de plus sur la Terre mais d’habitude, c’est moins dangereux pour les Européens et en plus y a la bombe atomique ! » Et que « dans toutes les guerres, c’est très triste de voir des personnes innocentes mourir. »
- LES PLUS GRAND.E.S (13-20 ans), disent leur exaspération quant au « martèlement des images et des discours chocs », leur colère, rappelant que « les autres refugiés meurent pendant leur exil et ils sont poursuivis comme des bandits. » Ceux et celles qui ont fait la tournée de 𝐿𝑎 𝑇𝑠𝑖𝑔𝑎𝑛𝑒 en Slovaquie pensent à nos amis Roms, les Kesaj Tchave, qui habitent à la frontière de l’Ukraine, et se demandent comment ils traversent ces événements alors que leur vie est déjà si dure. D’autres disent que « c’est encore les pauvres qui vont pâtir de cette guerre », qu’ils entendent qu’« il va falloir accepter de se serrer la ceinture », que « c’est facile de dire ça quand on est riche, mais quand y a des soucis d’argent, on fait comment ? » D’autres encore évoquent leur pays d’origine comme « la Tunisie qui ne va plus être alimentée en blé » et ils sont inquiets pour leurs familles qui vont subir la pénurie alimentaire… Les étudiantes nous ont raconté que dans leur université « des étudiants russes se font harceler. » Elles disent qu’« il ne faut pas oublier que le peuple russe est victime de la guerre lui aussi » et que « comme toutes les guerres, cette guerre divise les peuples, c’est ça aussi l’onde de choc de la guerre. »
On a trouvé notre parole commune, on n’aime pas ça la guerre, alors : NON A TOUTES LES GUERRES !
Et on a expliqué qu’il y a beaucoup de gens dans le monde entier qui pensent ça. Jusque dans les montagnes du Sud-Est mexicain.
Et on a sorti notre parade de Tongs : on continue à construire ensemble, enfants, jeunes et adultes, avec toutes nos différences, de couleurs, de religions, de cultures, d’identités, de genres, de pensées, de quartiers… à faire du théâtre ensemble et à montrer que c’est possible. On continue à faire mentir celles et ceux qui veulent diviser pour mieux régner.
On continue à faire des spectacles qui mettent à l’honneur notre diversité.
Et si « c’est un sujet de honte, on en fait notre fierté ! »
𝐶𝑜𝑛𝑡𝑟𝑒 𝑡𝑜𝑢𝑡𝑒𝑠 𝑙𝑒𝑠 𝑔𝑢𝑒𝑟𝑟𝑒𝑠 : 𝑇𝑜𝑢𝑠 𝑙𝑒𝑠 𝑎𝑟𝑡𝑠, 𝑡𝑜𝑢𝑡𝑒𝑠 𝑙𝑒𝑠 𝑟𝑒́𝑠𝑖𝑠𝑡𝑎𝑛𝑐𝑒𝑠, 𝑡𝑜𝑢𝑡𝑒𝑠 𝑙𝑒𝑠 𝑟𝑒́𝑏𝑒𝑙𝑙𝑖𝑜𝑛𝑠.